De quoi parle t’on ?
Et bien non, une « ferme connectée » n’est pas le prochain jouet à la mode pour Noël, pas plus qu’« Agriculture 4.0 », n’est la toute dernière version d’un jeu vidéo du même nom…
Mais alors, qu’est-ce que ça veut dire ? Que l’agriculture est en train de vivre une mutation importante en entrant dans l’ère du numérique. Ce virage, surfant sur la vague des nouvelles technologies, intervient dans un contexte où le monde agricole doit faire face à des défis majeurs :
- Nourrir la planète alors que la population mondiale devrait augmenter de près de 30 % d’ici à 2050. Il faut donc trouver le moyen d’augmenter les rendements et la production.
- Respecter l’environnement en maîtrisant voire limitant les impacts des intrants (eau, azote et pesticides utilisés pour les cultures).
- Rendre plus attractifs les métiers agricoles en :
- Maîtrisant les coûts de manière à augmenter les profits afin d’améliorer les conditions de vie, trop souvent précaires, des agriculteurs ;
- Facilitant le travail, allégeant les tâches et la gestion quotidienne.
- Restaurer un lien de confiance avec les consommateurs.
On parle également d’«Agritech», à la croisée des chemins entre l’innovation, la technologie et l’agriculture, terme regroupant l’ensemble des initiatives visant à améliorer la qualité des aliments que nous consommons et réduire l’impact écologique.
Concrètement ?
Le Big data (historique de toutes les données enregistrées sur plusieurs années) :
D’une manière générale, le numérique et la donnée vont permettre de tendre vers une agriculture plus mesurée et maîtrisée. L’agriculteur pourra piloter son exploitation via un tableau de bord agrégeant l’ensemble des données collectées en temps réel sur ses parcelles. Les maîtres-mots ? Surveiller, informer et décider !
La collecte des données ?
- Des sondes pour mesurer la température et l’humidité des sols ;
- Des drones pour réaliser des analyses aériennes à partir des images du sol (identification rapide des zones à traiter ou réensemencer, détermination des lieux d’implantation des pièges à insectes) ;
- Des données météo désormais actualisées toutes les 10 minutes ;
- Des capteurs wifi insérés dans le sol et des bornes de correction de pilotage pour guider le tracteur ;
- Le recours aux avions et aux satellites…
A terme, avec une mise réseau des fermes généralisée, l’objectif sera de collecter un maximum de données, de les partager et de les mutualiser afin d’élaborer des modèles prédictifs précis et fiables.
Produire en limitant les intrants (eau, azote et pesticides), pour quels gains ?
- Pour la planète (15 à 20 % d’eau en moins avec une irrigation parfaitement adaptée aux besoins ; une utilisation ciblée de l’azote et des pesticides).
- Pour l’exploitant en limitant les coûts et en améliorant la productivité et la rentabilité.
- Pour les consommateurs avec une sécurité alimentaire optimale.
L’utilisation des nouvelles technologies pour :
- Un fonctionnement plus économe et autonome ;
- Améliorer la compétitivité des entreprises agricoles ;
- Restaurer l’attractivité du métier en allégeant la charge de travail des exploitants et en palliant parfois le manque de mains d’œuvre.
Les applications sont déjà nombreuses et ce n’est sans doute qu’un début :
- Systèmes d’irrigation des terres à distance ;
- Tracteurs autonomes programmés à l’avance en fonction des données collectées en amont et capables de biner et désherber ;
- Robots pousse-fourrage pour fournir du fourrage frais aux bêtes sans intervention directe de l’exploitant ;
- Colliers connectés permettant de suivre en permanence l’activité, la santé et la reproduction du bétail, avec une alerte de l’éleveur par sms en cas de problème ; des thermomètres vaginaux pour suivre le vêlage des vaches, de manière à limiter au maximum les temps de veille, souvent long et épuisant ;
Mais également :
Des solutions en termes de services et de conseils :
- Des places de marché en ligne ;
- Des plateformes de mise en relation ;
- Des comparateurs agricoles en ligne (pour vendre les récoltes de céréales ou acheter de l’engrais) ;
- Des logiciels de gestion d’exploitation (permettant de réduire le temps passé pour les charges administratives) …
- Des plateformes collaboratives (notamment en matière de financement) et outils d’aide à la gestion.
Le bémol ?
- Le coût souvent élevé de ces investissements dans un contexte où le secteur rencontre des difficultés économiques et peine à être rentable ;
- Une couverture haut débit/wifi encore largement perfectible, notamment en zone rurale.
En France, qu’est que ça représente ?
La place consacrée à l’Agriculture 4.0 au dernier Salon de l’Agriculture de Paris ou encore au salon SIMA 2017 ainsi que les quelques 150 start-ups « agritech » d’ores et déjà recensées en France permettent d’affirmer que le sujet n’est pas un mythe, un rêve ou encore un projet, mais bien une réalité.
Et en Belgique ?
L’évolution du secteur agricole entre 1980 et 2015 (quasi-stabilité des surfaces agricoles, baisse de 68 % du nombre d’exploitations et de 60 % de ma main d’œuvre) tend nettement vers un système productiviste qui se traduit corrélativement par un phénomène d’industrialisation.
En effet, la recherche permanente de gains de productivité conduit à :
- Produire plus aux coûts les plus faibles ;
- Augmenter la productivité par unité de travail et, partant, réduire la main d’œuvre ;
- Recourir à la technologie la plus efficace.
Les exploitants belges ne sont donc pas en reste quand il s’agit de recourir aux nouvelles technologies, d’entrer dans l’ère de l’agriculture 4.0.
Les start-ups françaises ne s’y sont pas trompées en cherchant à s’implanter sur le marché belge. On notera, par exemple, l’arrivée récente de la plateforme de crowdfunding dédiée à l’agriculture, Miimosa.
Des initiatives belges peuvent également être citées en exemples :
- WatchITgrow : une nouvelle plateforme pour une production durable de pommes de terre en Belgique.
- Agroptimize : un acteur majeur européen dans le développement d’Outils d’aide à la Décision (AOD) et d’Outils d’Agriculture de Précision (OAP).